Nouveau regard sur les enfants migrants d’Afrique

18 juillet 2014

Nouveau regard sur les enfants migrants d’Afrique

Le rapport de l’étude sur l’accompagnement protecteur de l’enfant (APE) et la méta-analyse sur les pratiques endogènes de protection des enfants sont désormais disponibles. L’atelier qui consacre leur publication officielle s’est tenu mercredi 16 juillet à Dakar dans les locaux de l’Unicef. Une quarantaine de personnes ont participé à cette rencontre dont une délégation de la Cédéao, les membres du groupe régional pour la protection de l’Enfance, le staff de Terre des Hommes, les partenaires stratégiques au niveau régional. Une douzaine de  journalistes*y ont aussi été conviés.

https://tchadonline.com/
https://tchadonline.com/

L’accompagnement protecteur des enfants (APE) est une approche, développée par Terre des Hommes, qui vise à protéger les enfants contre l’exploitation, la traite et la maltraitance en mettant l’accent sur la compréhension des réalités que vivent les enfants et leurs familles afin de rendre leur environnement communautaire et institutionnel plus protecteur. L’étude sur l’APE a fait des constats illustratifs de l’échec des politiques traditionnelles de protection de l’enfance. Il s’agit notamment de la répression des auteurs de traite, l’interception des enfants présumés victimes de traite, la concentration des dispositifs aux frontières et sur les routes, le manque de discernement entre la traite et la mobilité volontaire, la désapprobation des retours forcés occasionnant les nouveaux départs dans des conditions plus dangereuses et l’absence d’alternatives conséquentes pour les enfants retournés, rapatriés ou candidats au départ. La présente étude permet d’avoir une compréhension plus fine sur la mobilité des enfants, les acteurs impliqués, les risques encourus, mais aussi les opportunités en lien avec la mobilité. Le document révèle que les enfants concernés par la mobilité ne sont pas tous victimes de traite d’une part et que la participation des enfants et de leur proche entourage est nécessaire dans la résolution des problèmes relatifs à leur protection, comme le recommande l’article 12 de la Convention des Nations unies relatives aux droits de l’enfant, CDE. L’étude met également l’accent sur le caractère holistique de la protection des enfants, les stratégies, outils, méthodes et normes à privilégier depuis la prévention jusqu’à la réhabilitation en passant par la protection sans oublier l’intérêt supérieur de l’enfant et la liberté d’expression de ses propres besoins.

Les limites mises en exergue par l’étude sont surtout l’absence de données fiables sur les enfants mobiles, l’insuffisance de positionnement institutionnel en raison de la confusion persistante entre traite et mobilité d’enfants au niveau de certains acteurs, les insuffisances du cadre légal , les difficultés d’appropriation au niveau interne et de l’adhésion des acteurs étatiques. La méta-analyse, quant à elle, est une description suivie de l’analyse des pratiques endogènes de protection à partir des expériences du Bénin, du Burkina Faso, de la Guinée-Conakry, du Mali et du Togo en plus des exemples d’autres pays de la région. Elle met en relief les pratiques que les populations inventent et développent elles-mêmes à l’intérieur de leur communauté sans aucune influence extérieure pour protéger les enfants. Le document montre qu’en Afrique il existe des mesures endogènes de prévention de toute négligence, violence, abus et exploitation et toute autre action préjudiciable aux droits de l’enfant conformément à la CDE. Ces mécanismes communautaires de protection, largement développés en Afrique de l’Ouest, apportent une rupture nette avec les pratiques classiques jusque-là adoptées et qui sont calquées sur des modèles étrangers. Cette publication poursuit des objectifs tels que partager les expériences, mesurer leur importance et leur limite en vue de se positionner sur l’intérêt et les moyens de les intégrer aux mécanismes institutionnels de protection de l’enfance en Afrique. C’est un document finalisé par Mike Dottridge dans le cadre du projet régional UE/mobilité et financé par l’Union européenne. Il montre que les pratiques endogènes de protection sont intégrantes et constituent une réponse adaptée aux besoins de protection des enfants.

À l’opposé de l’application systématique du statut de victime aux enfants en situation de mobilité, les deux études mettent en avant des raisons solides pour positiver leur situation afin qu’ils cessent d’être toujours considérés comme des victimes. Il convient de souligner que des efforts de clarification sont encore nécessaires pour convaincre la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest)  sur la nécessité d’adoption d’un nouveau mécanisme de protection des enfants basé sur l’approche mobilité.

 

*Des journalistes du Bénin, du Togo, du Mali, du Burkina Faso, de la Guinée-Conakry et du Sénégal

Contribution: Charles Dossou LIGAN (depuis Dakar)

Étiquettes
Partagez

Commentaires

Charles
Répondre

Merci pour la publication.

David Lembo
Répondre

C'est une approche plus humaine et multidisciplinaire. Je me rappelle du travail accompli dans ce sense par TDH avec Le Reseau Aoudaghost. J'y ai participe et ai trouve cela tres edifiant. Ces enfants meritent notre protection, celle des Etats et autrs organizations. Merci pour ces progres inlassables.